Aux portes de la vérité et du mensonge

Elle était venue ici, dans l'espoir de pouvoir apprendre ce qui se passait. Ou plutôt pour savoir comment remédier à cette situation des plus embarrassantes. Le monde était présentement déchiré entre deux divinités et leur parti. Coupé en deux groupes qui soutiennent celui qu'ils veulent voir triompher et trôner sur ce monde. Celui du tout, celui du vide. Deux entités qui n'ont rien en commun, et c'est là la raison pourquoi ils s'affrontent, le monde étant leur échiquier. Eux, les habitants, étant les pions, les cavaliers, les tours, les fous, les rois et les reines. De chaque côté, les pièces tomberont et parfois un élément inconnu entrera dans la toile. Des fils qui compléteront ou déchireront la tapisserie. Des couleurs de différents tons, qui embelliront ou entacheront l'oeuvre.

Voilà pourquoi elle était là, aux portes d'une civilisation où elle n'avait mis les pieds que peu de fois, accompagnée mais jamais seule. Elle était venue pour savoir où était sa place, quel serait son rôle dans ces préliminaires qui mèneraient à un incontournable chaos. Elle était sans camp. Peut-être le demeurerait-elle, peut-être rejoindrait-elle le vide. Ou peut-être serait-ce le tout. Est-ce préférable qu'un verre soit plein ou vide? Et la moitié? À moitié plein ou à moitié vide, il était à la moitié, pas une goutte de plus ou de moins. Pourquoi en serait-il autrement?

Soupirant, Hyxaluz jeta un long regard sur les portes. Elle ne pourrait entrer sans que le gardien l'y autorise, elle le savait bien. Mais il semblait absent pour le moment. Devait-elle prendre le temps d'attendre? SOn père lui aurait dit de le faire pendant un certain temps. Mais le temps était denrée rare à ne pas gaspiller en ce monde instable. C'était les paroles de sa mère qu'elle retenait pour l'instant. Et pourtant, elle devait entrer, et il n'était pas question d'y parvenir en transgressant les lois. Car il serait honteux de devenir un "maestr" si tôt dans sa quête. Rajustant son capuchon sur sa tête, la jeune fille s'assit sur le mur perpendiculaire aux grandes portes qui l'empêchaient d'entrer. Pour plus de sécurité, elle prit l'apparence de Sehtn, un de ses frères de la citée souterraine. Puis, elle se ravisa à prendre plutôt l'apparence d'un des guerriers du village du désert. Il n'était pas rare de voir certains d'entre eux venir en ville pour acheter des objets qu'on ne pouvait trouver dans le désert. Un Aguenz des abysses par contre, ferait drôle de figure puisqu'il préférait les obscures et silencieuses cavernes au ville en plein jour et bruyante. Leur apparence était aussi hostile. Non, valait mieux ne pas attirer de soupçons.

Hyxa s'assit, puis commença son attente, le jambes croisées, les yeux fermées. Si elle devait patienter, elle se reposerait.

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Samuel attendait lui aussi le gardien depuis un petit bout de temps.Il était venu ici pour vendre certains produits consommables, ainsi que quelques armes blanches, et des produits dits "pour les gens raffinés".Il profita de l'abscence du gardien de la porte pour descendre du dos de son torasa, (qu'il avait finalement prénommé Eclair), et patienta. Ne le voyant pas venir, il observa les alentours:
Partout où il regardait, il ne voyait que de la végétation entourée par des constructions humaines. Il y avait de grands arbres avec les troncs plus ou moins torsadés, mais qui n'atteignaient même pas le tiers de la hauteur de la muraille d'enceinte de Ysunderville. Les portes étaient assez hautes, et semblaient également très résistantes. Il reconnaissait le chêne qui avait servi à sa construction, uniquement en touchant une partie de la porte.Il scruta les environs, et remarqua une étrange personne, qui était adossée contre le mur d'enceinte d'Ysunderville. Elle avait l'air d'une personne venant des villages du désert, mais il sentait que quelque chose n'allait pas.L'habit que cette étrange personne portait ne correspondait pas du tout à ce qu'un habitant du désert pouvait porter, ne serait-ce qu' occasionnellement, ou lors de fêtes religieuses.Non... Cette personne n'était pas ce qu'elle essayait de paraître, il le sentait...N'y tenant plus, il se rapprocha de l'inconnue, la "flaira", ne ressentit pas de mauvaises intentions, et se baissa pour refaire un nœud de sa chaussure. Sam en profita également pour ranger les affaires de sa besace. Se faisant, il s'adressa à l'inconnue en chuchotant :

"Hey... Si vous cherchez à passer, faites-moi confiance... Je connais bien le garde, et je peux vous dire qu'il ne vous laissera pas passer si vous êtes seule, il est beaucoup trop suspicieux. Faites comme si vous m'accompagniez dans la Place Centrale, pour vendre des marchandises."

Il ôta ensuite sa propre capuche, lui laissant voir sa nature d'heokoth... Il n'espérait pas que l'inconnu se manifeste ou se révèle tout de suite, mais il préférait jouer la carte de la confiance. Après tout, il n'était qu'un marchand ambulant, pas un voleur.
En même temps, il en profita pour sortir un talisman de sa besace, dont les reflets paraissaient étinceler la pierre sertie sous le soleil. Il esperait pouvoir en tirer un bon prix, et ainsi avoir de quoi se payer à manger et à boire convenablement pour un bon bout de temps. Il remit aussitôt le talisman dans la besace après l'avoir ré-examiné.

[Oh mon dieu!!! Quelqu'un qui répond!!! Divine bénédiction!!! Oui, je suis un peu disjonctée^^]

Depuis plusieurs minutes, l'héritière méditait. Personne ne semblait pointer son nez pour daigner lui ouvrir les portes ou pas, avec ou sans explications. L'Aguenz finit presque par croire qu'elle ferait mieux de passer au-dessus du mur ou essayer de créé une distorsion dans celui-ci pour passer. Mais elle n'eut pas à avoir recours à de telles méthodes. Un jeune homme se pointa devant elle, lui disant que le gardien ne la laisserait pas passer, étant donné qu'elle était seule. Il lui proposa alors de faire comme si elle l'accompagnait. La jeune femme dévisagea l'adolescent, qui se révéla un Heokoth un instant des yeux perçants du guerrier qu'elle incarnait. Ce gamin n'avait pas l'air dangereux, ni même menaçant. Il y avait bien cette grosse bête à ses côtés, un torasa, mais mis à part cela...

"Il me faut à tout prix entrer dans la ville. Si mon seul moyen est d'y entrer avec vous, et bien qu'il en soit ainsi."

Heureusement pour Hyxaluz, son pouvoir ne se limitait pas qu'au changement d'apparence, mais aussi de la voix. Sinon, il y aurait eut quelque chose d'étrange, bien que la créature aquatique puisse imiter un de ses confrères sans trop de problèmes. En attendant sa réponse, le garçon avait sorti un étrange pendentif de son sac. Il l'observa quelques instants, puis le rangea de nouveau. Un marchand d'après tout ce qu'il avait dit et ce qu'il faisait à présent. À quinze ans, c'était un peu jeune non? Mais elle n'avait peut-être pas à parler, elle avait à peine l'air trois ans plus vieille que lui.

Invité

Lorsque "l'inconnu" lui répondit, Samuel souria, autant de coeur que de confiance. Chacun d'eux avait ses propres raisons de vouloir entrer à l'intérieur même d'Ynsunderville. Il envisagea différentes possibilités, les étudia une par une, et finit par adopter celle qui lui semblait la plus adaptée à la situation.
Ce faisant, après un moment de silence et de réflexion, il se releva, et regarda "l'inconnu" droit dans les yeux, pour lui expliquer ce qu'il devait faire.

il lui chuchota qu'il devait prendre l'un de ses sacs de cuir, et faire "comme si de rien n'était", mais toujours le suivre jusqu'à la Place Centrale (il serait louche que deux personnes associées se séparent dès l'entrée de la ville)
Se faisant, il joignit le geste à la parole, et prit l'un de ses sacs de cuir, qu'il bourra de cailloux, d'herbes et de brindilles, pour ensuite le donner à son interlocuteur.

"Et n'oubliez pas : Gardez votre capuche baissée. Les gardes me connaissent bien et savent que je ne ferai aucun mal, que ce soit ici, à Ysunderville, ou n'importe où ailleurs. Je sais qu'ils ont confiance en moi et qu'ils me laisseront passer sans aucune anicroche. Restez muet, surtout."

Il sortit ensuite une petite Yajih de sa poche, et lui susurra quelques mots à l'oreille.

"A toi de jouer, Fina..."

Samuel lui tendit un sifflet minuscule, qu'elle prit avec amusement.
La pagaille allait commencer...

"Au fait... Bouchez-vous les oreilles !"

Ce qu'il fit lui-même, en attendant la suite.

(Muet, MUET!!! Il ne sait pas que c'est une fille^^)

Ainsi donc il ne se posait aucune question sur son identité. Tant mieux, cela causerait moins de doutes, moins de friction. De toute manière, le pseudo-guerrier n'avait jamais eut l'intention de se révéler aux yeux de quiconque, ni de prononcer mot devant des gardiens qui le suspectait avant même qu'il ne leur ait adressé la parole. Il saisit le sac rempli de n'importe quoi, sauf de marchandise importante, puis regarda le marchand parler à une jeune Yajih qu'il avait sorti de sa poche, lui tendant un sifflet de la taille d'une tête d'épingle. Hyxaluz se demanda comment un si petit être pouvait vivre dans une poche. Pour elle, c'était un peu inhumain de faire vivre quelqu'un dans un tel endroit. Mais aucun d'entre eux n'était humain, voilà. La jeune femme analysa un instant les deux êtres qui se dressaient devant elle, se demanda ce qui se tramait, quand le heokoth lui demanda de se boucher les oreilles. Elle le fit prestement, voyant la petite "fée" prendre le sifflet avec amusement. Elle allait sûrement souffler dedans, mais à quoi cela servirait-il? N'étaient-ils pas sensé entrer discrètement?

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Samuel remarqua l'étonnement de l'inconnu, mais n'y pris guère considération. Fina avait trouvé sa place dans ladite poche depuis le début, lorsqu'elle l'avait rencontré, et qu'elle avait décidé de le suivre, alors...

La jeune Yajih se posa sur le dos de sa main, fit une grimace comique, et s'envola dans les airs. Après être arrivée vers une fenêtre de ce qui semblait être le poste de garde, elle s'y engouffra discrètement. Quelques secondes plus tard, il y eu un sifflement strident, ainsi que des bruits de chaises qui tombaient. Deux gardes sortirent précipitamment du poste de garde, virent Fina qui leur tirait la langue, et s'élancèrent à sa poursuite pour essayer vainement de l'attraper pour avoir osé déranger leur partie de cartes habituelle.Une fois que ceux-ci se furent éloignés, Samuel attendit quelques secondes, puis monta sur le dos d'Eclair, son torasa, et se précipita vers la porte que les gardes avaient laissé ouverte.

"Venez... Nous ne disposons que de très peu de temps !"

Il savait que Fina s'envolerait comme il le lui avait demandé, Fina s'envolerait après quelques dizaines de mètres des portes d'Ysunderville, pour ensuite le rejoindre une fois que les gardes seraient de retour dans le poste de garde.

*Phase 1 : Terminée...*

"A présent, marchez à mes côtés, ne courez pas, histoire d'avoir l'air naturel."

Ainsi le jeune homme avait décidé d'opter pour une tactique de diversion. C'était bien pensé, même si cette stratégie possédait plusieurs points faibles. Enfin bon, elle ne discuterait pas. Suivant d'un pas rapide le marchand qui était remonté sur son félin, Hyxaluz prit soin de jeter un coup d'oeil en direction des deux gardiens quand ils passèrent devant eux. Seulement, elle se demandait pourquoi ne pouvait-il pas se séparer après avoir traversé les portes. Après tout, personne ne les auraient vu, et les habitants de la ville pourraient aisément croire que les deux voyageurs étaient simplement arrivés en même temps. Mais en même temps, elle n'était pas sûre de sa destination. Certes elle savait qu'il était primordial pour elle de venir au centre de la civilisation, Ysunderville, mais où aller était une autre question. Mais elle trouverait plus tard. En attendant, il serait plus aisé de voyager en compagnie de quelqu'un d'autre. Cela paraîtrait moins suspect, surtout qu'elle n'inspirait pas confiance avec sa seule allure. Ce fut dans une atmosphère un peu lourde que le marchand et le rôdeur quittèrent les portes.

Lorsqu'ils revinrent, les gardiens s'aperçurent de l'absence du rôdeur, mais ne se posèrent pas beaucoup de question, pensant d'abord qu'il avait tout simplement quitté les lieux. Ce ne fut que lorsqu'ils virent les portes ouvertes qu'ils eurent un doute. Ils auraient pu sonner l'alarme, mais qu'auraient-ils dit? Que l'intrus était entré car ils étaient partis chasser une Yajih qu'ils n'avaient même pas attrapé? Non, ils feraient comme si rien ne s'était passé. Il était impensable de considérer un seul instant d'avouer leur méfait. Qui remarquerait de toute manière?